dimanche, juin 19, 2005

Epuisement des stocks de poissons : Libéralisons !

Certains raisonnements écologistes peuvent paraître hautement paradoxaux. Prenons l' exemple de l' épuisement des stocks de poisson en mer (dans les étangs privés, il n' y a aucun problème). Celui-ci est fort souvent imputé indifféremment à la "mondialisation ultralibérale", au "capitalisme débridé" ou au "contexte général de surproduction". Mais alors, si ces accusations étaient justifiées, comment expliquer que les vaches ne se soient pas déjà éteintes, puisque l' humanité en consomme quotidiennement. Comment expliquer aussi que le blé n' ait pas encore disparu alors qu'il contribue à fabriquer la farine de centaines de millions d' humains ?
Les sophismes écologistes et altermondialistes ne doivent donc évidemment pas être pris au sérieux, si l' on remarque qu'ils ne prennent en compte que ce que l' on voit. Mais on ne peut omettre ce qu'on ne voit pas (comme l' expliquait avec une grande maestria Frédéric Bastiat au XIX°s pour l' économie). En effet : on tue un animal, c'est ce qu'on voit ; on aura auparavant tout fait pour préserver ses petits ou sa ponte, c'est ce que l' on ne voit pas.
Ainsi, la réponse à notre problème ne réside pas dans des réglementations ou des restrictions d' accès à la ressource (en l' occurence le poisson), mais dans son régime de propriété. Les vaches ou le blé sont des propriétés privées, tandis que les poissons en mer sont des propriétés publiques jusqu' à leur capture. Ces derniers font donc logiquement l' objet d' une pêche intensive : en effet, tout exploitant ne supporte que les coûts privés (essence du bateau, entretien du filet, main d' oeuvre,...) et non les coûts sociaux que constituent la raréfaction de la ressource. Il est donc de l' intérêt de chacun de surexploiter la mer, quitte à jeter les poissons par la suite. Nous sommes aux antipodes du capitalisme ; nous baignons encore une fois dans un domaine où l' Etat fait preuve d' irresponsabilité sous couvert de gestion à long terme.
Une solution authentiquement libérale consisterait à introduire des droits de propriété clairement définis sur l' ensemble des ressources halieutiques (c'est à dire de la pêche). Les exploitants et les pêcheurs seraient ainsi responsabilisés et toute surpêche se traduirait par une perte pour la pêcherie qui n' aurait pas intérêt à les multiplier. La méthode la plus simple pour établir des droits de propriété est certainement la mise en place de quotas individuels transférables (QIT), c' est à dire l' instauration de droits à pêcher un certain nombre de poissons. Le nombre de QIT émis sera déterminé par l' organisme le plus capable (une commission d' experts problablement) et entériné par l' Etat. Ces quotas doivent aussi être transférables pour permettre à chacun l' accès au marché. On aura ainsi la création d' un contexte concurrentiel ou chacun sera incité à baisser le coût de la pêche pour son quota (ce qui se traduit notamment par une utilisation moins intensive des chalutiers).
La politique européenne de la pêche mise en place en 1983 est un cuisant échec. En revanche, quelques exemple montrent la viabilité et l' efficacité des solutions libérales. C'est le cas de l' Islande où les stocks de poisson se reconstituent progressivement depuis l' instauration des quotas. De très nombreuses espèces - le hareng, la morue et l' espadon par exemple - sont menacées à court terme si l' on rechigne à appliquer les solutions libérales.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

D'un autre côté, à part les zones cotières, la mer n'appartient à personne et à tout le monde à la fois si je ne me trompe pas, donc amputer cette responsabilité aux seuls Etats, c'est un peu fort.

lelibéralécolo a dit…

"la mer n'appartient à personne et à tout le monde à la fois si je ne me trompe pas" C'est justement là le problème ! N'ais-je pas parlé de la nécessité de définir clairement des droits de propriété ? De même qu'il en faut sur les ressources concernées, il en faut pour la mer qui doit être divisée entre les diffrents Etats.

Anonyme a dit…

ce système existe avec succès pour gérer la pêche en islande depuis environ 700 ans (sept cent, pas une faute de frappe), a été mis en place au large des côtes canadiennes, et sans doute ailleurs. Il est meilleur que le système de quots bureaucratiques bruxellois, même s'il n'est pas parfait (l'intérêt de frauder les QIT est important et les contrôles peu simples.)

lelibéralécolo a dit…

Le système des QIT est en effet en vigueur dans quelques pays, même si, comme vous le précisez, il n' est pas parfait. Pour ceux qui souhaiteraient une étude comparée des deux systèmes (QIT et gestion bureaucratique), l' excellent rapport de l' Institut EURO 92 (disponible sur leur site en PDF)peut être fort enrichissant.

Anonyme a dit…

Hahaha elle est bien bonne celle-là
Les poissons ils s'en foutent des systèmes de quota individuels transéfrables. Ils obéissent à des lois complètement différentes que celles qu'on tente de leur imposer.
Le QIT fonctionne en Islande parce qu'il s'agit d'un petit pays qui consomme un très faible pourcentage des prises.

Personne ne sait si les stocks de poisson se reconstitueront car les poissons font partie d'un immense système appelé océans et qu'on commence à peine à comprendre comment il fonctionne. Si personne n'interdit les chalutiers (une solution "non-libérale") rien n'empêche les propriétaires de les utiliser en catimini.

D'autre part, l'achet de QIT, c'est comme l'achat du droit de polluer avec l'accord de Kyoto... Ça ne fait que déplacer le problème.

Anonyme a dit…

Mais alors, si ces accusations étaient justifiées, comment expliquer que les vaches ne se soient pas déjà éteintes, puisque l' humanité en consomme quotidiennement. Comment expliquer aussi que le blé n' ait pas encore disparu alors qu'il contribue à fabriquer la farine de centaines de millions d' humains ?

Le blé est une plante TERRESTRE
La vache est un animal TERRESTRE.
Tous les deux ont été génétiquement modifiés (je ne suis pas contre ce type de modification génétique) pendant des milliers d'années pour répondre au besoin des humains.

Les poissons sont des animaux aquatiques que nous n'avons jamais modifié génétiquement ni domestiqués.
C'est une ressource naturelle renouvelable comme le bois. Par contre, le renouvellement de la ressource a été dépassé dans les deux cas parce qu'on a longtemps pensé que "renouvelable" voulait dire "inépuisable"

Vous pensez que le Moyen-Orien a toujours été désertique? Pourquoi pensez-vous qu'on l'appelait le Croissant fertile?
Toutes les forêts ont été décimées et les terres surexploitées.

lelibéralécolo a dit…

Ces contradictions et ces ces objections transpirent la mauvaise volonté. Je n' y répondrai donc que très brièvement.

"Les poissons ils s'en foutent des systèmes de quota individuels transéfrables". Je serais tenté de répondre : "Ah bon ? C' est vrai ?". Ce n' est pas aux poissons de comprendre pour le détourner le système des QIT, mais biens aux hommes d' établir un véritable régime de propriété privée qui, seul, est capable de mettre frein à l' appauvrissement des ressources océaniques et marines.

Je maintiens que le sysyème des QIT a fait toutes ses preuves en Islande. Autrement, comment expliquer que l' augmentation du nombre de poissons coincide avec l' entrée en vigueur de ce système ? Je peux sur ce point vous communiquer des rapports d' experts si vous le souhaitez.

"Toutes les forêts ont été décimées et les terres surexploitées." Précisément parce qu' il n' y avait pas de droits de propriété clairement définis. C' est la même chose qui se produisit au moyen-âge avec la surexploitations des patures collectivees. Johan Norberg cite en ce sens un exemple frappant dans le "Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste" : Il y a quelques années, une photo aérienne avait été faite sur une grande partie du Sahara. On n' y aperçevait que du sable avec une petite tache verte au milieu. C' était une propriété privée qui avait su gerer l' eau de manière rationelle. Je vous recommande vivement le texte entier.

Guillaume